Kinshasa a accueilli ce samedi, au Palais du Peuple, le 9ᵉ Sommet ordinaire de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), un rendez-vous diplomatique majeur qui n'avait plus eu lieu en présentiel depuis cinq ans. Sous le thème « Consolider la paix et la sécurité pour le développement durable dans la région des Grands Lacs », cette rencontre a réuni plusieurs chefs d'État, ministres et partenaires internationaux autour d'une ambition commune : stabiliser définitivement une région régulièrement marquée par les tensions.
Au centre de cette dynamique, la République démocratique du Congo (RDC), pays hôte et désormais présidente de l'organisation pour les deux années à venir.
Un sommet chargé d'enjeux
Dès l'ouverture des travaux, le ton a été donné par le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, Huang Xia, qui a appelé à une cessation immédiate des hostilités dans l'Est de la RDC. « Les hostilités doivent cesser immédiatement et l'accès humanitaire doit être garanti pour apporter l'aide nécessaire aux populations touchées », a-t-il déclaré, rappelant la gravité de la situation sécuritaire et l'urgence d'une action régionale concertée.
Cet appel s'inscrit dans un contexte où les crises transfrontalières, les déplacements massifs de population et les trafics illicites continuent de fragiliser l'ensemble de la région des Grands Lacs. C'est précisément sur ce terrain mouvant que la RDC entend jouer un rôle décisif.
Une présidence congolaise aux ambitions claires
En prenant officiellement la tête de la CIRGL, le Président de la République a prononcé une phrase courte mais lourde de sens : « C'est avec humilité et détermination que j'accepte, au nom de la République démocratique du Congo, la Présidence tournante de la CIRGL pour les deux prochaines années. »
Derrière cette déclaration de principe se dessine une ambition plus large : faire de la RDC un acteur incontournable de la consolidation de la paix et du développement régional.
Le Président a présenté les priorités de son mandat, qu'il a placé sous le signe des « résultats ». Une feuille de route articulée autour de cinq axes majeurs, qui confirment la volonté de Kinshasa d'impulser une nouvelle dynamique régionale.
Réformer la CIRGL pour renforcer son efficacité
Première priorité annoncée : la réforme institutionnelle de la CIRGL. L'objectif est clair : rendre l'organisation plus agile, plus réactive et mieux outillée pour faire face aux crises.
Dans un environnement diplomatique où les institutions multilatérales sont souvent critiquées pour leur lenteur, la RDC entend moderniser les mécanismes internes de la Conférence afin de lui donner un rôle plus opérationnel.
La paix comme fondement de l'intégration
Deuxième axe : la consolidation de la paix et de la sécurité.
Pour la RDC, qui subit depuis des décennies les répercussions de conflits transfrontaliers, cette priorité n'a rien d'abstrait. Kinshasa veut convaincre que la paix dans les Grands Lacs ne peut être durable que si elle est collective.
En plaçant cette question au cœur de son mandat, la RDC assume une responsabilité régionale et s'impose comme porte-voix des populations affectées.
La coopération judiciaire pour lutter contre les réseaux criminels
La RDC ambitionne également de renforcer la coopération judiciaire entre les États membres. Dans une région confrontée à la criminalité organisée, aux trafics de minerais et aux mouvements de groupes armés, harmoniser les mécanismes judiciaires devient indispensable.
Kinshasa souhaite instaurer une collaboration plus structurée pour combattre l'impunité et réduire l'espace de manœuvre des réseaux transfrontaliers.
Assainir le secteur minier, combat vital pour la région
Autre priorité forte : la lutte contre l'exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles.
Avec un programme renforcé de traçabilité, la RDC veut couper les liens entre minerais stratégiques et financement des conflits. Cette démarche, saluée par plusieurs partenaires internationaux, vise aussi à repositionner la région comme un pôle d'investissement fiable et transparent.
Pour la RDC, qui possède certaines des plus importantes réserves mondiales de cobalt, de coltan ou de cuivre, il s'agit non seulement d'une question économique, mais d'un enjeu sécuritaire majeur.
L'intégration économique au cœur de la vision congolaise
Enfin, la RDC entend accélérer l'intégration économique régionale.
Par sa taille, ses ressources et sa position géographique stratégique, le pays est un véritable carrefour naturel entre l'Afrique australe, l'Afrique centrale et l'Afrique de l'Est.
Kinshasa aspire à impulser des projets concrets : infrastructures transfrontalières, facilitation du commerce, interconnexion énergétique et valorisation des chaînes de valeur régionales.
Un rôle moteur assumé
À travers cette présidence, la RDC se projette comme un leader régional capable de fédérer autour d'une vision commune.
En réaffirmant son engagement pour la paix, la transparence économique et la coopération, elle s'impose comme un acteur clé de l'intégration régionale.
Si les défis restent considérables, la dynamique enclenchée à Kinshasa ouvre une nouvelle fenêtre d'espoir pour une région trop longtemps marquée par les crises.
Marco Baratto
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